Didier Leray est abonné à zBis depuis désormais plusieurs mois. Son projet est ambitieux, car il cherche à restaurer une voiture à pédale Century V8 fabriquée à l’époque par Pierre Guy dans les années 50. Les pièces sont usées et surtout… introuvables en ligne !
Thomas Courtin : Ce que tu fais en ce moment, c’est de la modélisation de pièces en 3D, puis tu les imprimes au FabLab. Plus spécifiquement, c’est un projet de voiture, peux-tu m’en dire un peu plus ?
Didier Leray : C’est une vieille voiturette à pédale dont il manquait des pièces. A l’origine, il y a une coque et de l’habillage, un pare-chocs, des phares, une calandre, des feux arrières, des pneus… Toutes ces pièces ne sont à mon avis pas récupérables, j’ai donc décidé de tout réimprimer en 3D.
Tu avais déjà quelques compétences en modélisation ?
Je n’ai pas de souci particulier pour modéliser. Ce qu’il y a surtout de particulier ou de difficile, c’est que, dans mon idée, je voulais au maximum standardiser les pièces. J’ai donc dû repenser les pièces pour pouvoir les fixer, et puis aussi travailler avec du collage.
La voiturette en piteux état…
Tu utilises FreeCAD pour modéliser. Est ce qu’on t’a aidé au FabLab ?
Bien sur, j’ai profité de l’expérience de chacun, notamment d’Emmanuel Gilloz qui connait bien le logiciel. C’était le démarrage. Une fois que tu sais à peu près où sont les fonctions, tu les retrouves. Le plus difficile, c’est que le logiciel ne réagit pas toujours bien, par rapport à des logiciels industriels comme j’ai pu en utiliser. Ça bug, mais on s’en sort ! Pour démarrer, avec des pièces non-complexes, ça permet de comprendre ce qu’on peut attendre d’un logiciel de ce type.
Comment as-tu découvert zBis ?
Au travers d’une conversation à l’école de mes petites filles, avec un voisin qui avait entendu parler de vous, car il est dans le domaine de l’informatique. J’ai ensuite été sur Internet pour voir un petit peu ce qu’il était envisageable de faire. La formule me convient bien : il y a ici des moyens et des gens disponibles pour pouvoir dépatouiller une situation dans laquelle on commence à bien piocher sans forcément avancer ! Ce n’est pas rien.
Tu t’attendais a quoi en venant à zBis ? On t’avait expliqué ce que c’était ?
J’avais déjà eu l’occasion d’imprimer des pièces en 3D au FabLab d’Airbus qui se trouve à Bouguenais. C’était dans le cadre de mon travail de formateur, pour les bureaux d’études et les bureaux des méthodes. Je m’étais chargé d’introduire ces technologies pour les ouvrir. Je vois l’intérêt que ces techniques peuvent apporter au niveau industriel pour faire des pièces métalliques imprimé en 3D.
C’est ça qu’il faut transmettre ?
Il faut surtout que les gens aient ça en tête, notamment au niveau méthode où, souvent, on a besoin d’un bricolage. L’impression 3D est adaptée. Et quand je dis “bricolage”, ce n’est pas dévalorisant ! S’il fallait le faire en aluminium usiné par exemple, ça prendrait beaucoup plus de temps.
« Tout le monde n’a pas la possibilité d’usiner ! L’impression 3D a un grand avantage : c’est relativement aisé à mettre en œuvre »
Qu’est ce qui t’intéresse le plus dans le projet que tu as lancé ? Est-ce que c’est plutôt la modélisation, la conception, le résultat finalement ?
C’est la conception qui m’intéresse, mais ça ce n’est pas nouveau, c’est depuis tout petit ! J’ai une formation de plasturgiste, donc je sais un peu comment les matériaux réagissent, je sais concevoir des pièces en plastique. Sauf que là, cette technologie apporte des choses nouvelles. Je m’aperçois qu’en impression 3D, il y a des choses à savoir. Notamment que, pour éviter d’avoir des supports, il faut concevoir la pièce avec le minimum de support et savoir l’orienter dans l’espace de façon à éviter d’avoir trop de supports… C’est ça qui est intéressant : la conception. Parce que, tel que l’on conçoit une pièce de fonderie ou une pièce forgée, et bien une pièce imprimée en 3D, elle a des règles de conception !
Un souffle de jeunesse grâce à l’impression 3D !
Partir de zéro, ça ne t’effraie pas ?
Non pas du tout !
On a tendance à dire au FabLab que l’on ne part jamais de zéro. Car il y a la communauté, les outils… et en plus, que l’on peut trouver des modèles 3D en ligne !
Si l’on prend les technologies que l’on connaissait jusqu’à présent, les moyens étaient forcément lourds. Tout le monde n’a pas la possibilité d’usiner ! L’impression 3D a un grand avantage : c’est relativement aisé à mettre en œuvre. On peut tester beaucoup de chose, on ne craint pas de louper sa pièce : on la conçoit, on l’imprime, on la met en place et si il y a un défaut, on la réimprime ! C’est sûr que c’est du temps, mais rien à voir avec les temps d’usinage et de fabrication. Le moyen est léger. Ce qui est intéressant également, c’est la mise en oeuvre : les logiciels sont bien faits pour que ça marche du premier coup !
Mais on a quand même parfois un mur : se lancer dans un nouveau logiciel, ça peut être effrayant.
Non, par rapport à l’usinage, quand il faut travailler en commande numérique, c’est quand même autre chose ! Le logiciel Cura, par exemple, est bien : il y a 3 ou 4 paramètres à gérer et on se lance.
Quelqu’un qui veut se lancer dans l’impression 3D, tu le rassurerais car les logiciels sont intuitifs ?
Bien sur, c’est clair, l’ergonomie des logiciels est très bien.
Je le ressens, je n’ai pas forcément d’expérience ni d’expertise là dedans, et pourtant je me lance et j’en fais !
C’est une technologie qui permet aux gens de tester de manière aisée ! Il faut que les gens viennent au FabLab. Sans trop de connaissance, on peut se faire plaisir. C’est quand même intéressant de créer des objets, il n’y a pas beaucoup d’autres technologies qui permettent d’en créer : le bricolage avant, c’était des moules en plâtre… c’est plus fastidieux. Avec le moulage, il faut penser à la contre-forme etc…. Les contraintes techniques de l’impression 3D sont faciles à appréhender !
Merci Didier. Tu as documenté ton projet dans l’article suivant si les gens souhaitent s’inspirer et voir le résultat pas à pas.