L’écosystème zBis ne s’arrête pas qu’à son équipe permanente! Nous avons la chance d’avoir dans nos murs fidèles, abonnés et passionnés qui se lancent dans des projets tous plus passionnants les uns que les autres.
Thomas Courtin : Bonjour Emmanuel Gilloz, tu es fondateur d’Open Edge et de la FoldaRap. Mais aujourd’hui tu es plutôt une “Open Personne”, un “Open Manu” ! Peux-tu présenter ton parcours dans l’environnement Maker, tes passions autour de ces questions ?
Emmanuel : Je suis designer de formation. Mon parcours maker, ce serait d’avoir construit une RepRap presque au tout début du projet, c’était en 2010. Ça m’a amené à mettre un pied dans le milieu Maker. Tout le mouvement en France démarre à ce moment là pour moi. Comme c’était une des premières RepRap, ça m’a donné l’occasion de participer à plein d’événements pour en parler et pour le faire découvrir.
Avant d’imaginer la FoldaRap, tu achètes une RepRap et tu la montes ?
A l’époque ça ne s’achetait pas ! Mais c’était pas si mal fait : tu avais les plans, la liste des composants, comment assembler tout ça… Donc j’ai fait ma liste de courses et j’ai rassemblé patiemment tous les ingrédients avant de cuisiner une première Mendle. C’était le modèle à l‘époque. Heureusement par la suite, de plus en plus de gens se sont penché dessus, il y a eu plus de gens pour documenter et proposer du matériel, l’améliorer… Chaque brique de la machine s’est perfectionnée. Les machines qu’on trouve aujourd’hui ont quasiment toutes ce projet pour héritage !
Tu as aussi participé à l’amélioration du projet RepRap avec la FoldaRap.
Sur certains petits aspects, en proposant mon interprétation de ce que serait l’imprimante 3D pliante.
Une imprimante à emporter partout autour du monde !
Aujourd’hui pourtant, tu n’es plus trop sur l’activité FoldaRap ni Open Edge, qui est la structure qui porte les imprimantes de la société.
La FoldaRap, c’était une expérience pour vivre concrètement un projet d’Open Hardware. j’avais fait un peu avant des expérimentations de projets Open Source partagés sur Thingiverse. On peut espérer que ça change actuellement, mais dans les formations d’école, on nous apprenait plutôt à déposer des brevets ! Si on applique ce principe de logiciel libre dans le matériel, d’abord avec des objets puis avec la FoldaRap, on voit que c’est un peu plus complexe, mais c’est l’occasion d’expérimenter la documentation ou encore le modèle économique avec le financement participatif. A l’époque, ça avait connu un certain succès. Ca a été l’occasion de tester de choses et de monter la société Open Edge, qui continue aujourd’hui encore à fabriquer des imprimantes. Je pense être allé assez loin dans la fabrication d’imprimante 3D. Aujourd’hui, je reviens vers mes premiers intérêts autour des FabLabs et de la formation. J’ai toujours une “coloration impression 3D”, on ne peut pas s’en détacher comme ça, mais j’essaye de voir plus large, même en amont de la conception. Ce sont des outils qui vont se banaliser via les FabLabs. Avant de fabriquer quelque chose de numérique, il faut le dessiner de manière numérique. C’est là que j’ai peut-être quelque chose à faire et apporter.
Ce qui te passionne plus particulièrement maintenant, c’est la transmission, la formation. Est ce que c’est ça qui t’a amené à zBis ?
Je connaissais Emmanuelle Roux de l’écosystème des FabLabs, on s’était rencontré en 2011 ou 2012 à Nantes, pendant un atelier de fabrication de machines organisé par Ping. Quand je commençais à réfléchir à revenir vers cet aspect “FabLabs et expérimentations”, je me rappelais qu’il y avait eu toutes ces interactions dans l’ouest avec ces gens avec lesquels je m’entends bien.
C’est l’occasion de frapper à nouveau à la porte.
Oui, de reprendre des nouvelles, de dire “coucou, il y a peut-être des choses à faire” ! C’est comme ça que j’ai débarqué.
La fabrication locale a un potentiel, on peut réduire de moitié, voire deux tiers, les ressources qu’on utilise actuellement. Si on veut sauver le monde, c’est une bonne piste !
Plus particulièrement aujourd’hui, c’est quoi le projet sur lequel tu travailles ? Il y a un peu de développement sur la FoldaRap, mais sinon, autre chose en parallèle ?
Aujourd’hui je vais travailler autant avec Open Edge sur la partie école et impression 3D qu’avec zBis sur des ateliers, de la formation ou de la création d’objets pédagogiques. Ou encore avec Ping et l’EPN de Chemillé. En ce moment avec Chemillé, on met à jour leurs FoldaRaps !
Mise à jour de la FoldaRap à zBis
Tu as été instigateur de plusieurs initiatives FabLabs, tu peux en parler ?
Si on classe chronologiquement, après Toulouse et Nantes, le FabLab de Nancy devait être le troisième de France. C’était une expérience dans une école d’ingénieur, limité au public de l’école, mais c’était déjà vachement intéressant. En parallèle, on a fait une expérience associative, c’était ouvert à tout le monde.
Qu’est ce qui t’intéresse le plus dans ce que tu fais aujourd’hui ? Est ce que c’est la création ? L’aspect sociétal du mouvement FabLab ? Est ce que ce sont les relations avec les personnes du microcosme ?
Ce sont les gens qu’on va rencontrer dans ce genre de lieux. Ils sont plutôt ouverts d’esprits. Mais aussi les conséquences de tout ce qu’on fait à plus long terme, en se disant simplement ce que je répète à toutes mes présentations : la fabrication locale a un potentiel, on peut réduire de moitié, voire deux tiers, les ressources qu’on utilise actuellement. Si on veut sauver le monde, c’est une bonne piste !
Emmanuel en conférence Tedx : partager, coopérer…
Quels projets pour la suite ? Plutôt quitter le territoire ?
A plus longs termes sans doute, car c’est une manière de travailler ou contribuer à l’écosystème, à différents lieux ou projets. C’est ça qui me plaît aussi, être de nouveau sur la route, ne pas être concentré sur un seul lieu ou projet, pouvoir naviguer.
Et d’avoir un impact dans plusieurs lieux ! Quels conseils donnes-tu à ceux et celles qui veulent se lancer dans l’entreprenariat et la création ? Faut-il se lancer corps et âme, s’entourer ?
Un ami m’avait donné une fois les “5 ou 6 recettes du succès”, je crois que c’était une liste de Schwarzenegger. Si je me rappelle, ça donnait :
- avoir un objectif,
- avoir un plan pour l’atteindre, commencer à réfléchir par quelles étapes on va passer,
- bien s’entourer,
- je sais plus si ça y était, mais j’ajouterai : en parler autour de soi. Si on se dit “ça va être le projet du siècle”, on le garde secret et ça va être compliqué. Alors que simplement si on parle autour de soi, c’est souvent comme ça que le hasard crée des interactions et permet de s’entourer,
- ne jamais abandonner, ne pas écouter les aprioris qui disent “ça ne va pas marcher”. même s’il faut parfois écouter la voix de la sagesse, il ne faut pas non plus faire dans la simple critique.
Merci Emmanuel ! On peut te rencontrer à zBis ou consulter tes travaux sur ton blog. Tu as également écris un article sur les nouveaux de fabrication additive à consulter ici.